Pour les fêtes, les mardis 24 et 31 décembre le musée fermera exceptionnellement ses portes à 16H. Le musée sera fermé le 25 décembre et le 1er Janvier.

La Galerie des femmes fortes


Ces héroïnes de l’histoire antique et de l’Ancien Testament deviennent une source d’inspiration majeure pour les artistes européens à partir de la publication en 1647 du poème Gallerie des femmes fortes par le Jésuite Pierre Le Moyne (consultable sur le site Gallica.bnf.fr).
Dotées d’une « force d’âme » qui transcende leur condition humaine, leur courage et leur inflexibilité morale n’excluent ni la violence ni la ruse.

Il n’est pas anodin que l’ouvrage soit dédié à la reine Anne d’Autriche, alors régente de France dans un contexte difficile – elle devra faire face à la Fronde l’année suivante.

Galerie des œuvres

Pierre CAPPELLA, Dalila, encre et aquarelle sur papier, 1922. Inv. 020.1.7

La scène est tirée de l’Ancien Testament (« Livre des Justes »).

Les Philistins, ennemis de Samson, soudoient la belle juive Dalila afin qu’elle trahisse son amant en lui soutirant le secret de sa force. Samson lui ayant révélé que celle-ci réside dans sa chevelure, Dalila profite de son sommeil pour couper ses tresses. Elle le met ainsi à la merci de ses ennemis qui lui crèvent les yeux et l’emprisonnent à Gaza.

Judith devient ainsi la première « femme fatale » de l’histoire.

Pierre CAPPELLA, Judith, encre et aquarelle sur papier, 1922. Inv. 020.1.6

La scène est tirée de l’Ancien Testament (« Livre de Judith »).

Après l’avoir enivré et charmé, la belle veuve Judith décapite le général assyrien Holopherne. Il s’apprêtait à mener l’assaut contre la ville de Béthulie. Ainsi, elle sauve la ville de l’invasion. Elle restaure la foi du peuple juif en la puissance salvatrice de son Dieu.

La décapitation d’Holopherne, parfois assimilée à celle de saint Jean-Baptiste, est un des grands thèmes de l’histoire de l’art mettant en scène une « femme puissante ».

Louis-Joseph LE LORRAIN (Paris, 1715 – Saint-Pétersbourg, 1759), d’après Jean-François DE TROY (Paris, 1679 – Paris, 1752), La mort de Lucrèce, eau-forte sur papier, 1742. Inv. 4536

Lucrèce symbolise, dans la culture occidentale, le courage, mais aussi l’inflexibilité morale de la femme romaine.

Violée par le fils du roi Tarquin le Superbe, elle ose le dénoncer malgré ses menaces et se poignarde dans la foulée. Cet épisode, raconté par Tite-Live, serait à l’origine du passage de Rome de la monarchie à la République en 509 avant J.C., la famille de Lucrèce ayant encouragé un soulèvement populaire contre Tarquin pour la venger.

Barthélemy RIVALZ (Toulouse, 1724 – id., 1752), d’après Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 – Toulouse, 1735), La mort de Paetus, eau-forte sur papier,
inv. 55.97.11

Barthélemy RIVALZ (Toulouse, 1724 – id., 1752), d’après Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 – Toulouse, 1735), Joseph et la femme de Putiphar, eau-forte sur papier, inv. 55.97.12

Épisode de la vie de Joseph relatée dans le « Livre de la Genèse » et dans le Coran.

La scène décrit la tentative de séduction dont le jeune Joseph est victime de la part de l’épouse de son maître, Putiphar, alors qu’il est esclave en Égypte. Se voyant repoussée, elle accuse alors Joseph de l’avoir violée, et il est jeté en prison.

Ce thème, qui a inspiré de nombreux artistes, dessine les contours du personnage de la femme « prédatrice », livrée à ses passions charnelles et ne reculant devant aucun obstacle pour les assouvir. La force morale est ici tout entière du côté de l’homme.

Barthélemy RIVALZ (Toulouse, 1724 – id., 1752), d’après Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 –Toulouse, 1735), La mort d’Arria, eau-forte sur papier, inv. 55.97.10

L’histoire – véridique – d’Arria, racontée par Pline le Jeune, est diffusée en Europe à la Renaissance, notamment par Montaigne dans ses Essais. Elle devient le symbole de la bravoure de la femme romaine.

Arria, épouse de Caecina Paetus, exige de mourir avec son mari lorsque celui-ci, après une rébellion ratée en 42 après J. C., est contraint au suicide par l’empereur Claude. Devant l’hésitation de Paetus, elle se poignarde avant de lui tendre le couteau en s’écriant « No dolet, Paete ! » [Cela ne fait pas mal, Paetus !]

Barthélemy RIVALZ (Toulouse, 1724 – id., 1752), d’après Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 – Toulouse, 1735), La mort de Cléopâtre, eau-forte sur papier, inv. 55.97.9

La reine d’Égypte se donne la mort au lendemain de l’entrée des armées romaines dans Alexandrie, le 1er août 30 avant J.C..

Elle a vu son époux, Marc-Antoine, se suicider quelques jours plus tôt. Elle refuse d’être exhibée comme prisonnière par Octave. Si sa mort met fin à la dernière guerre civile romaine entre les triumvirs Octave – futur Auguste – et Marc-Antoine, deux versions circulent sur les circonstances : poison mortel ou piqûre d’aspic ?

Les artistes, qui en ont fait une des figures les plus représentées de la « femme forte », ont en majorité choisi le serpent.