La force spirituelle
La force et le pouvoir
La force et le travail
La pub en force !
Forces du bien contre forces du mal
Dans la culture chrétienne, la force s’exerce avant tout dans le combat du bien contre le mal. Si cette opposition est avant tout intérieure, le thème iconographique de la lutte physique est largement utilisé par l’Église afin de conforter la foi des fidèles.
Deux épisodes de l’Apocalypse de Jean, particulièrement violents, illustrent cette thématique au cours des siècles : celui de saint Michel terrassant le démon incarné par un dragon, et celui de la chute des anges rebelles, dans lequel saint Michel chasse du Paradis les anges déchus, dont Satan.
Ci-contre Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 – Toulouse, 1735) Saint Michel terrassant les anges rebelles [dessin préparatoire au tableau, avec mise au carreau]. Pierre noire, sanguine et rehauts de gouache blanche sur papier, entre 1715 et 1728. Inv. 92.26.2)
Au XXe siècle, les artistes continuent d’utiliser le thème de la lutte contre le démon comme métaphore de nouveaux périls – le capitalisme chez Eugène Viala (Salle-Curan, 1859 – id., 1913), l’Allemagne dans les affiches patriotiques de la Première guerre mondiale, le cancer…
Ci-dessous : deux eaux-fortes d’Eugène Viala, à gauche, Thésée moderne et à droite, Le rebelle.
En extrême Asie, la dimension morale est absente des spiritualités anciennes, comme le confucianisme. Dans une certaine mesure, c’est le bouddhisme qui instaure cette bipolarité à la fin du premier millénaire avant notre ère.
Dans le Japon médiéval, en contexte fortement «bouddhéisé», le code moral des samouraïs (bushido) repose sur une spiritualité à la base confucéenne, mais empreinte des principes issus du dharma (équanimité, vision juste, compassion, pureté de l’esprit, etc.).
Les estampes japonaises mettent en scène des héros du folklore et des personnalités historiques incarnant ces vertus.
Ci-contre : Tsukioka YOSHITOSHI (Edo, Japon, 1839 – Japon, 1892)
Inuzuka Shino et Inukai Genpachi tombant du pavillon Horyukaku (château de Koga) dans la rivière Tone, série Esquisses diverses d’Ikkai, Xylogravure polychrome sur papier, tirage 1873
Musée Georges-Labit, inv. 59.224.8
Galerie des œuvres
Antoine RIVALZ (Toulouse, 1667 – Toulouse, 1735)
Saint Michel terrassant les anges rebelles [dessin préparatoire au tableau, avec mise au carreau]
Pierre noire, sanguine et rehauts de gouache blanche sur papier, entre 1715 et 1728. Inv. 92.26.2
André DERAIN (Chatou, 1880 – Garches, 1954)
Saint Michel terrassant le dragon. Eau-forte et burin sur papier. Planche pour l’édition illustrée du Satyricon de Pétrone, Paris, Ambroise Vollard, 1934. Inv. 002.16.3
Eugène VIALA (Salle-Curan, 1859 – id., 1913)
Le rebelle. Planche issue de la suite « Symboles humains », c. 1907. Eau-forte et aquatinte sur papier. Inv. 018.5.32
Sur une épreuve après la lettre, Viala a gravé au bas de la feuille :
« Et l’ange, châtiant autant ma foi qu’il aime de ses poings de géant, torture l’anathème, mais le damné répond toujours : je ne veux pas. »
Eugène VIALA (Salle-Curan, 1859 – id., 1913)
Thésée moderne. Eau-forte et aquatinte sur papier, entre 1880 et 1913. Inv. 018.5.156
Le titre de l’œuvre fait référence au héros grec, vainqueur du Minotaure – monstre qui se nourrissait de chair humaine -, pour dénoncer les dangers du capitalisme et de l’industrialisation naissante sur le point de dévorer l’humanité. Ici, l’ouvrier affronte avec une simple pelle le monstre assis sur un tas d’or, symbolisant ainsi l’inégalité et la vanité de la lutte.
Tsukioka YOSHITOSHI (Edo, Japon, 1839 – Japon, 1892)
Inuzuka Shino et Inukai Genpachi tombant du pavillon Horyukaku (château de Koga) dans la rivière Tone, série Esquisses diverses d’Ikkai. Xylogravure polychrome sur papier, tirage 1873
Musée Georges-Labit, inv. 59.224.8
Cette scène est tirée du très célèbre récit épique La légende des Huit Chiens du clan Satomi d’Awa de Takizawa Bakin, paru en 106 volumes, de 1814 à 1842. Dans ce roman d’aventure et de combats héroïques, une princesse et son époux, un chien, donnent naissance à huit guerriers promis à une destinée prodigieuse. Ces huit jeunes guerriers, braves et téméraires, incarnent des vertus confucéennes et ont tous le mot chien (« inu ») dans leur nom. Voués à un destin identique, celui de conjurer un sortilège et de sauver le clan Satomi, ils doivent s’unir et vivre de nombreuses péripéties avant de parvenir à leurs fins.
Inuzuka Shino représente la piété filiale et Inukai Genpachi la fidélité. Yoshitoshi les met en scène dans une lutte et une chute spectaculaire alors qu’ils ne savent pas encore qu’ils sont frères à ce moment du récit. Les autres « guerriers chiens » incarnent le sens de la justice, la loyauté, la fraternité, le respect des règles, le discernement et l’humanité.