Estampes pyrénéennes, XIXe siècle

La collection pyrénéenne du musée Paul-Dupuy, la plus importante de la région Occitanie avec celle du musée pyrénéen de Lourdes, raconte l’histoire graphique de la chaîne pyrénéenne à travers les époques, les écoles artistiques et les techniques

Anonyme, XVIIIe siècle, d’après Joris HOEFNAGELS, « Le mont Saint-Adrien avec son chemin percé dans le roc », eau-forte sur papier chiffon. Copie de la gravure originale publiée dans l’ouvrage traduit du latin par Georges Braun et François Hogenberg, Le grand théâtre des différentes cités du monde, Bruxelles, 1572-1618. Inv. 004.23.3. Cliché Patrice Lefort.
Benedict PIRINGER d’après Antoine MELLING, « Cascade du gave de val de Gaube », aquatinte sur papier mécanique. Planche de l’album Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises, 1826-1830. Inv. 54.8.166. Cliché Rodolphe Carreras.

La période des premiers explorateurs est illustrée par quelques précieuses feuilles, telle la série d’eaux-fortes gravée au XVIIIe siècle d’après les dessins originaux de Georges Hoefnagels (1567) et dont Le Mont Saint-Adrien (Pays Basque), est considérée comme la première représentation graphique des Pyrénées, ou encore la carte établie en 1681 par Sanson, Les monts Pyrénées, où sont remarqués les passages de France en Espagne.

Eugène JAUBERT d’après Emilien FROSSARD, Cirque de Gavarnie, lithographie couleur sur papier mécanique publiée dans l’ouvrage Tableau pittoresque des Pyrénées françaises, 1839. Inv. 67.368.78. Cliché Rodolphe Carreras.
Eugène CICERI, Glaciers de la vallée de Luchon, lithographie sur papier mécanique. Double-planche de l’album Les Pyrénées dessinées d’après Nature et lithographiées par E. Cicéri. Luchon et ses Environs, 1858. Inv. 66.316.4. Cliché Rodolphe Carreras.

Le cœur de la collection est constitué par les albums lithographiques – et les feuilles qui en sont issues -, qui représentent l’âge d’or de l’iconographie pyrénéenne, à partir des années 1820.

La généralisation de la lithographie au cours du XIXe siècle correspond en effet à une évolution sociale et intellectuelle – ouverture, découverte, communication – et les sites pyrénéens se prêtent admirablement à cette forme de représentation – une réserve inépuisable de motifs fortement typés, une petite pointe d’exotisme.

Cette abondante collection débute avec des précurseurs, comme Antoine Melling et son Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et dans les départements adjacents en 1826, ou encore les Vues des Pyrénées d’Adrien Frossard, pionnier du pyrénéisme, en 1839, et se poursuit avec les grandes productions éditoriales qui vont diffuser l’iconographie pyrénéenne dans toute l’Europe : Les Pyrénées dessinées d’après nature et lithographiées, d’Eugène Ciceri en 1858 ; Plates illustrative of a journal of a tour in France, Switzerland and Italy, de Marianne Colston 1822 ; Scenery of the Pyrenees de William Oliver en 1842 ; le volume consacré aux Pyrénées dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et Nodier entre 1820 et 1863, entre autres…

François LE VILLAIN d’après Marianne COLSTON, Saint-Sauveur. Hautes-Pyrénées. August. 18. 1821, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche de l’album Plates illustrative of a journal of a tour in France, Switzerland and Italy from original drawings taken in Italy, the Alpes and the Pyrenees, 1821-1823. Inv. 57.70.2. Cliché Rodolphe Carreras.
James BOURNE d’après William OLIVER, Town and bishopric of St Lizier, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche tirée à part de l’album Oliver’s sceneries of the Pyrenees, 1843. Inv. 67.368.68. Cliché Rodolphe Carreras.
Louis VILLENEUVE, « Le cirque de Gavarnie », lithographie sur papier mécanique. Planche du volume Languedoc (1833-1839) de l’ouvrage « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France », de Justin TAYLOR, Charles Nodier et Alphonse DE CAILLEUX (1820-1878). Inv. 68.63.348. Cliché Philippe Poitou.
GILBERT d’après Alfred DARTINGUENAVE, Contrebandiers aragonais, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche de l’album Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature par Alfred Dartiguenave, 1855. Inv. 55.7.1. Cliché Patrice Lefort.
Jean-Baptiste JULIEN d’après Achille DEVERIA, Mère et enfant en costume pyrénéen, lithographie couleur sur papier mécanique, deuxième moitié du XIXe siècle. Inv. 67.368.98. Cliché Daniel Molinier.

Il faut encore citer les suites de costumes d’Alfred Dartiguenave (Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature, 1855), ou Edouard Pingret  (Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature et lithographiés, 1834), ainsi que des scènes de genre d’après Schlesinger  (Seuls au monde), ou Deveria  (Grande étude aux deux crayons), et une série sur le thème de l’ours pyrénéen.

Emile BELLOC, Vue prise du sommet de Superbagnères, aristotype au collodion, fin du XIXe siècle. Inv. D 57.5.9 (dépôt de la Bibliothèque municipale de Toulouse). Cliché Patrice Lefort.
Amédée TRANTOUL, Bossost et la Garonne dans le Val d’Aran, tirage argentique sur papier albuminé contrecollé sur carton, deuxième moitié du XIXe siècle. Inv. D 67.3.1771 (dépôt de la Société archéologique du Midi de la France). Cliché musée Paul-Dupuy.
Farnham MAXWELL-LYTE, Saint-Bertrand-de-Comminges. Vue d’ensemble, tirage sur papier albuminé contrecollé sur carton portant la marque MARX EDITEUR (Pau), vers 1860. Inv. D 67.3.1582 (dépôt de la Société archéologique du Midi de la France). Cliché musée Paul-Dupuy.
Georges ANCELY, Vue d’ensemble de l’observatoire tourmenté de neige, plaque de verre au gélatino-bromure d’argent, 17 août 1888. Inv. 009.0.228. Cliché musée Paul-Dupuy.

La fin du XIXe siècle voit l’arrivée de la photographie, et la collection s’enrichit de tirages originaux signés Emile Belloc, Amédée Trantoul, Georges Ancely ou Farnham Maxwell-Lyte, ainsi que d’un important ensemble de cartes postales, notamment les série Les Pyrénées et Les Pyrénées centrales, des éditions Labouche.

Que l’approche de l’artiste soit esthétique, documentaire ou ethnologique, elle contribue à forger dans l’imaginaire collectif une vision finalement homogène, celle d’un monde « étranger » dans le sens étymologique du terme, dont les paysages, les coutumes et les habitants devaient paraître à coup sûr aussi exotiques aux hommes du XIXe siècle que la lointaine Patagonie à ceux du XXe.

Claire Dalzin, responsable des collections d’arts graphiques