Fermeture du musée le mercredi 1er mai ; il sera ouvert les 8 et 9 mai 10h-18h

Estampes pyrénéennes, XIXe siècle

La collection pyrénéiste du musée Paul-Dupuy, la plus importante de la région Midi-Pyrénées avec celles du musée pyrénéen de Lourdes, présente un panorama complet de l’iconographie pyrénéenne des XVIIIe et XIXe siècles, tant du point de vue de la période couverte, que des écoles et des techniques présentées.

Anonyme, XVIIIe siècle, d’après Joris HOEFNAGELS, « Le mont Saint-Adrien avec son chemin percé dans le roc », eau-forte sur papier chiffon. Copie de la gravure originale publiée dans l’ouvrage traduit du latin par Georges Braun et François Hogenberg, Le grand théâtre des différentes cités du monde, Bruxelles, 1572-1618. Inv. 004.23.3. Cliché Patrice Lefort.
Benedict PIRINGER d’après Antoine MELLING, « Cascade du gave de val de Gaube », aquatinte sur papier mécanique. Planche de l’album Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises, 1826-1830. Inv. 54.8.166. Cliché Rodolphe Carreras.

Les prémices de la création pyrénéistes sont illustrées par quelques précieuses feuilles, telle la série d’eaux-fortes gravée au XVIe siècle d’après les dessins originaux de Georges Hoefnagels (1567) et dont Le Mont Saint-Adrien (Pays Basque), est considérée comme la première représentation graphique des Pyrénées, ou encore la carte établie en 1681 par Sanson, Les monts Pyrénées, où sont remarqués les passages de France en Espagne.

Eugène JAUBERT d’après Emilien FROSSARD, Cirque de Gavarnie, lithographie couleur sur papier mécanique publiée dans l’ouvrage Tableau pittoresque des Pyrénées françaises, 1839. Inv. 67.368.78. Cliché Rodolphe Carreras.
Eugène CICERI, Glaciers de la vallée de Luchon, lithographie sur papier mécanique. Double-planche de l’album Les Pyrénées dessinées d’après Nature et lithographiées par E. Cicéri. Luchon et ses Environs, 1858. Inv. 66.316.4. Cliché Rodolphe Carreras.

Le cœur de la collection est constitué par les albums de vues pyrénéennes – et les feuilles qui en sont issues -, qui représentent l’âge d’or de la création pyrénéiste à partir des années 1820.

La généralisation de la lithographie au cours du XIXe siècle correspond à une attente sociale et intellectuelle – ouverture, découverte, communication – et les Pyrénées se prêtent admirablement à cette forme de représentation – une réserve de motifs fortement typés, une petite pointe d’exotisme.

Cette abondante collection débute avec des précurseurs, comme Antoine Melling et son Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et dans les départements adjacents en 1826, ou encore les Vues des Pyrénées d’Adrien Frossard, pionnier du pyrénéiste, en 1839, et se poursuit avec les grandes productions éditoriales qui vont diffuser l’iconographie pyrénéenne dans toute l’Europe : Les Pyrénées dessinées d’après nature et lithographiées, d’Eugène Ciceri en 1858 ; Plates illustrative of a journal of a tour in France, Switzerland and Italy, de Marianne Colston 1822 ; Scenery of the Pyrenees de William Oliver en 1842 ; le volume consacré aux Pyrénées dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et Nodier entre 1820 et 1863, entre autres…

François LE VILLAIN d’après Marianne COLSTON, Saint-Sauveur. Hautes-Pyrénées. August. 18. 1821, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche de l’album Plates illustrative of a journal of a tour in France, Switzerland and Italy from original drawings taken in Italy, the Alpes and the Pyrenees, 1821-1823. Inv. 57.70.2. Cliché Rodolphe Carreras.
James BOURNE d’après William OLIVER, Town and bishopric of St Lizier, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche tirée à part de l’album Oliver’s sceneries of the Pyrenees, 1843. Inv. 67.368.68. Cliché Rodolphe Carreras.
Louis VILLENEUVE, « Le cirque de Gavarnie », lithographie sur papier mécanique. Planche du volume Languedoc (1833-1839) de l’ouvrage « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France », de Justin TAYLOR, Charles Nodier et Alphonse DE CAILLEUX (1820-1878). Inv. 68.63.348. Cliché Philippe Poitou.
GILBERT d’après Alfred DARTINGUENAVE, Contrebandiers aragonais, lithographie couleur sur papier mécanique. Planche de l’album Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature par Alfred Dartiguenave, 1855. Inv. 55.7.1. Cliché Patrice Lefort.
Jean-Baptiste JULIEN d’après Achille DEVERIA, Mère et enfant en costume pyrénéen, lithographie couleur sur papier mécanique, deuxième moitié du XIXe siècle. Inv. 67.368.98. Cliché Daniel Molinier.

Il faut encore citer les suites de costumes d’Alfred Dartiguenave (Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature, 1855), ou Edouard Pingret  (Costumes des Pyrénées dessinés d’après nature et lithographiés, 1834), ainsi que des scènes de genre d’après Schlesinger  (Seuls au monde), ou Deveria  (Grande étude aux deux crayons), et une série sur le thème de l’ours pyrénéen.

Emile BELLOC, Vue prise du sommet de Superbagnères, aristotype au collodion, fin du XIXe siècle. Inv. D 57.5.9 (dépôt de la Bibliothèque municipale de Toulouse). Cliché Patrice Lefort.
Amédée TRANTOUL, Bossost et la Garonne dans le Val d’Aran, tirage argentique sur papier albuminé contrecollé sur carton, deuxième moitié du XIXe siècle. Inv. D 67.3.1771 (dépôt de la Société archéologique du Midi de la France). Cliché musée Paul-Dupuy.
Farnham MAXWELL-LYTE, Saint-Bertrand-de-Comminges. Vue d’ensemble, tirage sur papier albuminé contrecollé sur carton portant la marque MARX EDITEUR (Pau), vers 1860. Inv. D 67.3.1582 (dépôt de la Société archéologique du Midi de la France). Cliché musée Paul-Dupuy.
Georges ANCELY, Vue d’ensemble de l’observatoire tourmenté de neige, plaque de verre au gélatino-bromure d’argent, 17 août 1888. Inv. 009.0.228. Cliché musée Paul-Dupuy.

Vers la fin du siècle, la collection s’enrichit de photographies originales signées Emile Belloc (Le Lac d’Aubert), Amédée Trantoul (Le gouffre d’Enfer) ou encore un précieux tirage de Maxwell-Lyte (Saint-Bertrand de Comminges), ainsi qu’un important ensemble de cartes postales, notamment les série Les Pyrénées et Les Pyrénées centrales, des éditions Labouche.

Que l’approche de l’artiste soit esthétique, documentaire ou ethnologique, elle contribue à forger dans l’imaginaire collectif une vision finalement homogène, celle d’un monde « étranger » dans le sens étymologique du terme, dont les paysages, les coutumes et les habitants devaient paraître à coup sûr aussi exotiques aux hommes du XIXe siècle que la lointaine Patagonie à ceux du XXe.

Claire Dalzin, responsable des collections d’arts graphiques