Les petits plats dans les grands
« La salle à manger est grande parce que c’est là qu’on reçoit les invités, mais la cuisine est petite, de plus en plus petite. Mais on y mange toujours, on s’y entasse – quand l’un sort tous les autres doivent se lever mais on ne l’a pas abandonnée. On voudrait désapprendre aux gens à manger dans la cuisine et c’est là qu’ils se retrouvent, qu’ils vont tous le soir venu, c’est là qu’il fait chaud et qu’on reste avec la mère qui fait la cuisine tout en parlant. » Marguerite Duras « La vie matérielle », p. 74
Une expression du XIXe siècle
L’expression « mettre les petits plats dans les grands » serait apparue au début du XIXe siècle. Elle signifie préparer une belle table, une cuisine soignée. C’est ce qui est préconisé par Tante Marie dans livre de « La véritable cuisine de famille » de 1955 :
« Une maîtresse de maison doit tout mettre en œuvre pour contenter ses invités et leur rendre sa maison agréable (…) »
Il faut donc éviter de « mettre les pieds dans le plat » ou pire « d’en faire tout un plat ».
« La maîtresse de maison a également la tâche délicate de placer ses invités avec discernement. Avec le Maître de maison, ils occupent le milieu de la table, en face l’un de l’autre. Les places d’honneur sont à leur droite et se donnent à la dame et au monsieur les plus âgés ou aux personnes auxquelles on veut rendre spécialement une politesse. Les places de gauche sont occupées par la seconde dame et le second monsieur que l’on veut honorer, également par rang d’âge parmi les invités. «
La belle vaisselle
Les pièces d’argenteries étaient présentées sur des meubles spéciaux appelés argentiers. La ménagère en argent et plus largement l’argenterie était représentative de la fortune des familles. Elles constituaient aussi une réserve d’argent. L’argenterie pouvait être vendue ou mise en gage pour faire face à une dépense imprévue. C’est ainsi que le roi Louis XIV envoya son argenterie, comprenant un important mobilier (commodes, consoles, etc), à la monnaie pour être fondue.
Assiette à décor jaune, faïence, Toulouse, XVIIIe siècle. Cette assiette faisait partie d’un service de table. Tout comme l’argenterie, il était indispensable à toute bonne maison. Son décor principal, la rose, se retrouve sur les autres éléments du service.
Lors des repas de cérémonie, « le milieu de la table [devait] être occupé par une corbeille garnie de fleurs et de fruits, selon la saison ». En faïence, celle-ci imite la forme du panier et l’entrelacement de la vannerie.
Le couvercle est décoré d’un paysan revenant de la chasse. Il porte un lapin accroché à un bâton. De l’autre côté faisant pendant, une femme assise. L’ensemble est orné de longues tiges de fleurs stylisées. Les prises évidées sont en forme de mufle.
La soupière : un récipient indispensable
« Ne pas confondre soupe et potage. La première est familiale, bon enfant légèrement vulgaire ; le second est sérieux et distingué ; moins cependant que le consommé, très élégant celui-ci, et plus difficile à réussir qu’il n’y paraît… » (André Castelot, L’histoire à table, p. 579) Autrefois, d’ailleurs, la soupe était la tranche de pain qu’on trempait dans le potage. Avec le temps, la soupe est devenue plus sophistiquée comme le récipient qui prit le nom de soupière.
La fée clochette !
Autre objet indispensable dans les grandes maisons, la clochette d’intérieur. Selon le Nouveau Larousse Illustré (v. 1900), elle serait pas apparue avant le XVIe siècle. Surtout répandue à partir du XVIIIe siècle, la clochette permet d’appeler les serviteurs afin de servir et desservir les plats. La sonnette se développera au XIXe siècle pour devenir un objet sophistiqué dont la fonction est dissimulée par une décoration extravagante comme celles du musée Paul-Dupuy.