Jacques GAMELIN (Carcassonne 1738 – id. 1803)
Incendie du temple de Vesta
Plume et encre brune, lavis bleu et gris
0,560 m x 0,690 m
Inv. 55.13.1
Elève à Toulouse de Pierre Rivalz (Toulouse 1718 – id. 1785), et à Paris de Jean-Baptiste Deshays Rouen 1729 – Paris 1765), Jacques Gamelin poursuit sa formation à Rome. Il est reçu en 1772 à l’Académie de Saint-Luc comme peintre de batailles, et décore la voûte de la galerie du palais Rondinini (Chute de Phaëton). Il y fréquente des artistes déjà influencés pas le néoclassicisme comme l’allemand Raphaël Mengs (Aussig 1728 – Rome 1779) et l’italien Giuseppe Cadès (Rome 1750 – id. 1799). En 1774, il est reçu à l’Académie de Toulouse dont il démissionne bientôt. Il réalise d’importants décors pour des églises de la région (Montréal (Aude), Saint-Vincent de Carcassonne, abbaye de Fontfroide…). La publication de son Recueil d’ostéologie et de myologie en 1779 est un échec financier et il doit accepter le poste de directeur de l’Académie de Montpellier. De 1783 à 1796, il est le seul peintre de renom, travaillant pour la cathédrale, l’église de Saint-Paul Serge, et pour Perpignan. Rallié aux idées révolutionnaires, il participe en 1793 à la campagne du Roussillon, fixant sur la toile ou le papier les principaux affrontements avec les troupes espagnoles.
Le sujet de cette œuvre est inscrit sur la marge inférieure du dessin. Sous le règne de l’empereur romain Commode (régna de 180 à 192 ap. J.-C.), le temple de Vesta fut accidentellement incendié. Au centre de la composition, les vestales, gardiennes du temple, baignées dans un halo de lumière, s’enfuient en emportant le Palladium (statue sacrée à l’effigie de Minerve). L’une d’elles, vue de dos, accourt, tenant un voile à la main afin de cacher la statue sacrée à la vue des mortels sous peine de les rendre aveugles. La foule amassée sur la place assiste à la scène, effrayée. Au second plan, à gauche, une chaîne humaine s’est organisée et s’emploie à porter des seaux d’eau pour éteindre le feu. Au centre, une femme tend un seau d’eau à un homme montant les marches de l’escalier, tandis qu’un soldat enlève une planche menaçant de s’écrouler. En face de lui, un personnage frappe à coup de massue sur la charpente déjà embrasée. A droite, un homme, vu de dos, juché sur le soubassement d’une colonne, se sauve, terrifié par la vision cauchemardesque de la propagation du feu. Un homme l’observe derrière la colonne. Le temple est ravagé par les flammes. Une colonne de fumée noire et épaisse s’en échappe et obscurcit le ciel.
Ce dessin exceptionnel, tant par son format que par la qualité et le fouillé de son écriture, surprend par la relative sagesse de sa composition opposée à l’audace du traitement des flammes et de la fumée qui donnent son aspect dramatique à la scène. C’est peut-être parce que cette œuvre était destinée à l’amateur toulousain, le baron de Puymaurin, mécène et protecteur de Gamelin, que l’on y remarque cette exécution soignée et parfaitement achevée, rare chez l’artiste.